Pakistan: marée humaine et émotion aux funérailles d'un chanteur assassiné

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Des milliers de Pakistanais ont assisté jeudi dans les rues de Karachi aux funérailles d'un célèbre chanteur soufi abattu la veille, un "acte de terrorisme" selon la police. Très émus, hommes et femmes, sunnites et chiites, se sont rassemblés sur une grande avenue de la mégalopole portuaire, pour rendre hommage à la musique d'Amjad Sabri, mais aussi à son mode de vie humble et à sa générosité. Sabri a été tué par balles par deux inconnus à moto, alors qu'il se rendait en voiture vers un studio de télévision pour un concert prévu dans une émission spéciale ramadan. Un parent, Saleem Sabri, qui se trouvait avec lui, a été grièvement blessé. La police a aussitôt qualifié l'attaque d'"acte de terrorisme", sans désigner de suspect. Un homme affirmant appartenir à une faction peu connue des talibans pakistanais a indiqué par téléphone à l'AFP mercredi que son groupe assumait la responsabilité de l'attaque, sans qu'il soit possible de vérifier cette revendication. La police poursuit son enquête, selon un responsable. Certains groupes islamiques radicaux dont les talibans considèrent le soufisme, une branche mystique de l'islam vénérant des saints et associant la musique au culte, comme une hérésie. Des dizaines de policiers et de Rangers, les forces militaires affiliées au ministère de l'Intérieur, ont été déployés jeudi pour assurer la sécurité du cortège. Une marée humaine en deuil a entouré l'ambulance transportant la dépouille. Des participants arboraient des brassards noirs, d'autres des turbans de couleur en fonction de leur affiliation religieuse. Des chaînes de télévision ont retransmis l'enterrement en direct. Magasins et entreprises des quartiers voisins de Liaquatabad et Nazimabad sont restés fermés pour la journée. Parmi la foule en deuil, Mohammad Farooq Khan, 36 ans, handicapé par la polio, a indiqué avoir marché 12 kilomètres sur ses béquilles pour assister aux funérailles. "Allah n'a amené ici pour assister aux funérailles de ce grand homme", a-t-il déclaré. Shaheen Iqbal, une quinquagénaire, se souvient avoir demandé la charité au chanteur assassiné quelques jours plus tôt. "Il m'a donné de la nourriture pour Ramadan, et un peu d'argent. Il a aussi promis de m'aider à trouver un petit appartement", dit-elle, des larmes dans la voix. Sabri était un "qawwal", c'est-à-dire un interprète de "qawwali", une forme traditionnelle de musique religieuse islamique très appréciée en Asie du Sud, et dont l'origine remonte au XIIIè siècle.

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